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Les communes et CPAS d'Anderlecht, Bruxelles-Ville et Saint-Gilles appellent à la création d’un centre d’hébergement pour les mineurs étrangers non-accompagnés du quartier Midi-Anneessens

Les communes d'Anderlecht, Bruxelles-Ville et Saint-Gilles, ainsi que leur CPAS, soutiennent l’ouverture d’un centre d’hébergement « à bas seuil » spécialisé pour répondre à la situation alarmante des Mineurs Étrangers Non Accompagnés (MENA) en errance aux abords de la gare de Bruxelles-Midi. Elles appellent les niveaux de pouvoir supérieur, le Fédéral, les Communautés et la Région, à prendre de véritables engagements afin d’apporter des réponses concrètes sur les plans de la protection des jeunes, de la santé publique et de la sécurité urbaine.

La situation des Mineurs Étrangers Non Accompagnés (MENA) errant aux abords de la gare de Bruxelles-Midi est dramatique. Au-delà de la dégradation de la qualité de vie des habitants du quartier et du trouble à l’ordre public qui découlent de leur présence, ces jeunes cumulent les vulnérabilités : vivant dans la rue, sujets à des troubles psychologiques, exploités par des adultes sans scrupules, poly-consommateurs de drogues, souvent à la fois victimes et auteurs de violences, ils tentent de se débrouiller au jour le jour sans aucune perspective de sortie de la marginalité.

Les communes et les CPAS d'Anderlecht, de Bruxelles-Ville et de Saint-Gilles entendent œuvrer ensemble pour dégager des solutions humaines et pragmatiques, avec pour priorité l’organisation d’un lieu d’hébergement spécifiquement dédié à ces jeunes, dans le double objectif d’une prise en charge adaptée et d’une prévention de la délinquance dans les quartiers concernés. Après un long plaidoyer, un chargé de projet a été engagé avec le soutien de Fedasil par la commune d’Anderlecht pour la création d’un centre d’hébergement bas-seuil pour les MENA. Le CPAS de la Ville de Bruxelles a également mandaté le Projet Lama, association spécialisée dans l'accompagnement thérapeutique de toxicomanes en milieu urbain, pour mener une étude sur ce public très spécifique. L’étude, menée par des chercheurs du Crebis (Centre de recherche sur les inégalités sociales) entre septembre 2022 et mars 2023 et présentée ce vendredi 21 avril, identifie les besoins de ces jeunes et explore les options possibles pour un accompagnement socio-éducatif et sanitaire adéquat.

Ignorer ces enfants et adolescents et se limiter à déplorer la difficulté de les inscrire dans un trajet d’accompagnement revient à encourager leur marginalité. Il s’agit de jeunes que les équipes sociales ont du mal à approcher, qui ne demandent pas d’aide, et qui échappent aux dispositifs sociaux existants. Nous ne pourrons leur apporter une protection et réduire les risques sécuritaires et sanitaires que posent leur présence, pour les riverains et pour eux-mêmes, sans un engagement fort en faveur d’une politique qui leur est spécifiquement dédiée : organiser un accueil et un hébergement « bas-seuil » et travailler avec le Fédéral, les Communautés et la Région pour leur proposer des alternatives à une errance qui n’en finit pas.

Il est également indispensable d’outiller le secteur social-santé pour une prise en charge adaptée. À ce sujet, le Dr Kevin Moens, Directeur médical du Projet Lama, explique : « L’enjeu de la prise en charge de ce public est un défi pour les secteurs de l’aide sociale et de la santé. Outre un lieu d’hébergement spécifique, la recherche organisée par le Projet Lama et réalisée par le Crebis a fait émerger des besoins additionnels : mise en réseau, formation, référents, travail avec les médiateurs interculturels… Sur le plan des assuétudes, le Projet Lama présente également un guide de bonnes pratiques médicales orienté autour de la prise de substance psychoactives et des problématiques de santé associées. Comme tout phénomène nouveau en matière de drogue, la consommation pratiquée par ce public très spécifique nécessite d’inventer de nouvelles stratégies, d’adapter l’offre et appelle à la responsabilisation de tous les acteurs concernés ».

Nos services soutiennent déjà au quotidien les mineurs en errance, pour prévenir les risques de la vie en rue. De nombreuses collaborations avec des acteurs de terrain et entre les communes voisines, leur CPAS et la zone de police MIDI ont été élaborées. Nous plaidons auprès des autorités régionales et fédérales pour une prise en charge globale de ces jeunes. C’est avant tout notre responsabilité de protéger des enfants en danger, en leur offrant un encadrement digne et des perspectives d’avenir. C’est également un enjeu de cohésion sociale pour notre commune et de sécurité publique dans le quartier de Cureghem. Il faut des solutions pour sortir ces jeunes de la rue et les éloigner de la zone de la gare du Midi dans laquelle les phénomènes de délinquances se multiplient.

Les pouvoirs locaux mouillent déjà leur maillot, soit via l’Aide Médicale Urgente, via les services de police et de prévention ou via l’intervention médicale des hôpitaux. L’enjeu est d’interpeler le Fédéral la Région et les Communautés pour apporter une réponse curative à une situation qui relève de l’urgence.